Maurice Bloch / Collège de France / L'anthropologie cognitive à l'épreuve du terrain

so 1467378181235 SO | 2021-02-10 09:18

Traditionnellement, les anthropologues mènent deux entreprises qui ne semblent pas avoir beaucoup en commun.

D'une part, ils étudient de manière extrêmement minutieuse des petits groupes d'individus, souvent assez isolés des grands centres de la mondialisation, dont ils s'efforcent d'interpréter la conception du monde ou l'organisation sociale.

D'autre part, ils échafaudent des théories générales concernant les comportements et les manières de penser de l'humanité dans sa globalité. Comment ces deux types d'activités peuvent-elles être reliées et dans quel but ?

Il semble que la majorité des anthropologues contemporains considère comme peu intéressant le type d'approche visant à réunir ces deux pratiques puisqu'ils se livrent entièrement et exclusivement à l'une ou l'autre d'entre elles. Ainsi les départements universitaires d'anthropologie de par le monde sont-ils de plus en plus dominés par une ethnographie ayant abandonné toute ambition théorique générale.  Par  conséquent, les théoriciens se trouvent plus à l'aise en dehors des départements d'anthropologie classiques. Le problème se pose d'une manière particulièrement aiguë pour l'anthropologie cognitive car elle emprunte beaucoup de ses idées à des disciplines issues des sciences cognitives qui n'hésitent pas à généraliser au niveau de l'espèce. En revanche, elles ne s'intéressent que de manière anecdotique à des cas particuliers situés dans le temps et l'espace.

Dans cette leçon inaugurale, Maurice Bloch propose de garder, à l'instar d'anthropologues comme Bronislaw Malinowski, Claude Lévi-Strauss ou Françoise Héritier, un pied dans chacune de ces deux entreprises. Ce n'est qu'ainsi, pense-t-il, que l'anthropologie est en mesure d'apporter une contribution originale et enrichissante aux autres disciplines des sciences humaines.

Aussi a-t-il entrepris récemment un nouveau type de recherche dans le petit village de la forêt orientale malgache où il travaille depuis maintenant plus de trente ans. Utilisant des tests de psychologie cognitive développés à l'origine aux États-Unis, il a cherché à comparer de manière rigoureuse le développement cognitif des enfants malgaches avec celui des enfants américains testés au préalable par des collègues psychologues. Cependant, lors de son dernier séjour, en 2004, au lieu d'importer une grille d'interprétation développée par les scientifiques, il a demandé aux villageois d'interpréter eux-mêmes les résultats des expériences. Le test utilisé, dit test de « fausse croyance », avait eu une grande importance pour les théories récentes sur le développement chez les enfants de la compréhension de la nature du monde social. Ce test avait pour but de mettre en évidence le fait que les adultes agissent en termes non pas de la nature du monde mais de ce qu'ils croient être la nature du monde, et qu'ils le savent. Cette connaissance est essentielle pour vivre en société. Les enfants malgaches se sont comportés dans ces tests de manière similaire aux enfants américains ou européens, ce qui était attendu, mais le point central était l'observation de la manière dont les villageois interpréteraient la différence entre les très jeunes enfants, qui ne comprennent pas encore que les gens agissent selon ce qu'ils croient, et les enfants plus âgés, qui ont intégré cette réalité. Ce travail récent de Maurice Bloch a montré que les adultes malgaches comprennent cette étape essentielle du développement des enfants d'une manière étonnamment proche, sans lui être toutefois identique, de celle des scientifiques occidentaux.

De ces observations, Maurice Bloch tire un certain nombre de conclusions qui seront exposées dans ce cycle de leçons. Le premier constat est que ce que les psychologues ont révélé par leurs expériences est plus proche du sens commun qu'on ne l'a souvent prétendu, et que, de ce fait, la théorie de l'esprit, nécessaire à la vie sociale, se situe à la frontière du conscient et du non conscient. Deuxième constat : ces données mettent en doute certaines théories anthropologiques, dues entre autres à Marcel Mauss, sur la nature culturelle de la notion de personne. Troisième constat : ces résultats permettent de revoir la relation entre l'ethnographie de terrain et la théorie généralisante.

COURS

https://www.college-de-france.fr/media/maurice-bloch/UPL1504912186690782224_bloch_res_cours0506.pdf

LE METAPHORIQUE ET LE LITTERAL / COURS / AUDIO

Leçon 8

La leçon s’est intéressée à l’analogie et, plus particulièrement, aux métaphores. Tout d’abord, la place centrale de l’imagination dans le processus social a été soulignée ainsi que son rôle dans la créativité et l’innovation. Par contre, c’est surtout la place du métaphorique dans le discours quotidien qui concerne l’ethnographe et qui a donc été examiné en détail. Le rôle des métaphores mortes ou usuelles a été analysé car il est souvent considéré comme central pour l’interprétation ethnographique, indiquant, pour de nombreux anthropologues, les manières de penser qui caractériseraient les cultures étudiées. La question des critères utilisés par les ethnographes pour décider qu’une proposition est métaphorique ou littérale a également été abordée. Plus particulièrement, les théories de Johnson et Lakoff ont été évaluées à la lumière de travaux psychologiques récents. L’influence des métaphores sur la pensée a été discutée, plus particulièrement en utilisant l’exemple des représentations de l’espace dans différentes langues et cultures. La partie finale de la leçon concernait les principes qui permettent la création de métaphores nouvelles. Finalement le trajet et la transformation des métaphores nouvelles en métaphore conventionnelle ont été examiné dans des contextes ethnographiques de phénomènes religieux.

https://www.college-de-france.fr/site/maurice-bloch/course-2006-04-27.htm

atomes-système solaire

L'effort de penser à ce qui est familier comme si c'était quelque chose d'autre mène à de nouvelles intuitions et à de nouvelles découvertes. La pensée analogique permet la découverte d'inventions scientifiques.

Métaphore, trope linguistique basée en partie sur l'analogie. Comment reconnaitre une proposition comme métaphorique ou littérale. Antropologues accusés de prendre des propositions comme littérales alors qu'elles étaient métaphoriques et vice versa.

Comment reconnaitre le métaphorique?

On reconnait une proposition par le fait qu'elle n'a pas de sens si elle est prise littéralement. Le Collège de France est une fôret ou les savoirs foisonnent. Compréhension métaphorique. Les gens ne prenent pas plus longtempspour comprendre si c'est une proposition métaphorique ou littérale. Nous traitons les propositions dans le langage comme si il y avait une gamme de possibilité. Nous entretenons une série d'hypothèse. Nous traitons simultanément. Nous choisissons la plus pertinente des deux. La complexité de la nature du discours humain que l'anthropologue à a interprété sur le terrain.

Impossible d'ignorer la place des métaphores sur le terrain. Les métaphores au quotidien. Ouvrage. Lakoff et Jonhson. Ominiprésence du métaphorique dans le discours humain. Métaphorique au sens large les métaphores conventionnelles métaphores mortes enfouies dans tout langage humain, enfoui, nous ne pouvons dire que très peu sans utiliser les métaphores, je vais me tourner vers un autre sujet, sujet est métaphorique, le métaphorique serait partout et nous retrouvons les mêmes caractéristiques dans toutes les langues. la source des métaphores est un schéma simple, lié à notre corps, au mouvement, continant, continu. Idées abstraites abordées en utilisant un foisonnement de métaphores. Evolution d'un langage complexe. Les métaphores se relient pour former des réseaux qui vont dans toutes les directions. Nous ne pouvons pas penser en dehors des métaphores, ce faire donne une coloration pour notre pensée. Système utilisé (contenu/contenant, mouvements du corps...) formes que donnent ces métaphores à notre pensée est universelle. Les métaphores utilisées dans les différentes cultures se ressemblent. Implication: rêve d'un universalisme qui nierait l'importance des variations culturelles. Naomi Queen ? antropologue, critique cette position, manière dont les gens parlaient du mariage. Représentation culturelle du mariage américain. Système de métaphore qui implique que le mariage est un voyage. Mais cela ne forme pas la maière dont les américains parlent du mariage. L'idée du mariage est indépendante des discours sur les mariages qui propose diverses versions. La représentation culturelle du mariage est indépendante des métaphores qu'on utilise et donc Lakoff se trompe.

Les gens de représentent ce dont il est question dans la manière dont les métaphores expriment ces sujets. Maternité. Production. Processus industriel capitaliste. Représentations capitalistes et industrielles traiter les femmes comme si c'était des ouvriers. Déduire des réalités du discours des médecins. Les médecins n'ont pas le choix que d'utiliser des métaphores. La manière dont on parle de quelque chose affecte la manière dont le sujet est considéré dans la pensée. LACAN.  Les métaphores colorent le sujet en question.

Problématique : comment les formes linguistiques affectent la pensée?

Etude comparative entre différentes cultures.

On peut parler du temps comme soi-même se bougeant dans le temps, avançant dans le temps. Ex : toutes ces histoires c'est maintenant derrière moi. Pour dire on a avancé, on les a dépassé. OU. Expression où c'est le temps qui bouge et que soi-même on reste immobile. Ce qui vient vers nous est un désastre terrible. La brouille de ces deux systèmes demande aux gens de prendre plus de temps à comprendre ce qu'on leur dit. La pensée suit la métaphore de mouvement pour le temps.

Comparaison entre des gens qui parlent le chinois et des langues européennes. Les langues européennes ont tendance à représenter le temps de manière linéaire, horizontale. Devant soi (passé). Derrière soi (avenir).  Dans la langue chinoise on peut faire cela mais on peut aussi représenter le temps sur un axe vertical. Conception du temps / influence sur la pensée. Représentation verticale du temps permettant de résoudre des problèmes et des logiques spécifiques.